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Comment la sophrologie peut-elle aider à restaurer la confiance en son corps fragilisé

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Après la survenue traumatisante d’un problème cardio-vasculaire, les patients souffrant de ce type de pathologie peuvent se sentir trahis par leur corps, leur cœur, diminués dans leurs capacités : problème de souffle, crainte du mouvement et/ou de l’effort, ou encore problèmes cognitifs. Le corps, auparavant banalisé par une forme d’insouciance, devient « concret », à la fois réceptacle et source de douleurs et d’émotions contradictoires. Les personnes prennent conscience de la fragilité de leur corps – souvent avec un sentiment d’impuissance et d’injustice - et peuvent vivre au quotidien avec une sensation de danger latent ou immédiat. L’inquiétude concernant la santé instaure un état d’esprit où la perception se focalise sur ces nouveaux repères et enferme certains patients dans une réalité où il leur est difficile – légitimement - de faire la part des choses. L’énergie vitale fait alors place à la colère, à la confusion et il est quelquefois nécessaire de les accompagner afin qu’ils puissent restaurer leur confiance en ce corps qui les « trahit ». 

Par un travail progressif, l’intention de la sophrologie est de permettre aux patients souffrant de problèmes cardio-vasculaires de vivre différemment leur perception des évènements vécus, d’être plus confiants en leurs capacités corporelles et ainsi, d’accéder à un mieux-être puis un mieux-vivre. La sophrologie donne au patient la possibilité d’apprendre à modifier le filtre de l’interprétation, et donc de vivre différemment les émotions et de favoriser l’apaisement corporel.

Tout commence donc par la perception qui est une interprétation des informations que nous recevons. Elle se vit à l’aune de l’intérêt, des occupations, de motivations, des préoccupations et souvent des craintes et elle attribue à l’évènement une signification qui est propre à chacun, avec un jugement, un a priori passé au filtre des expériences de vie. Cette perception déclenche une réaction émotionnelle - la joie, la peur, la colère, la tristesse, le plaisir… -qui peut impacter notre corps de manière agréable ou désagréable. En effet, le corps vit l’émotion, qu’elle soit positive ou négative Dans les moments de stress que peuvent vivre les patients le corps est souvent décrit comme un « poids ». Il s’exprime par des « messages », des sensations physiques de douleur, de chaleur, de crispation, de frissons, ou autres, traduites par le bon sens populaire : « avoir la boule au ventre », « avoir une boule dans la gorge », « avoir la gorge nouée », « en avoir plein le dos » … Pour prendre soin de ce corps fragilisé et fatigué, une des premières étapes est d’apprendre à transformer la réaction émotionnelle en réponse adaptée à la situation. Pour cela, il est nécessaire de gérer l’émotion en portant un regard aussi objectif que possible sur ce qui l’a provoquée.

C’est pourquoi, changer la relation perception, émotion et corps est important. Pour accompagner le cheminement vers ce mieux-être, la sophrologie s’appuie sur un de ses principes fondateurs qui définit que toute action positive sur le corps à une incidence positive sur l’esprit et que toute action positive sur l’esprit à une incidence positive sur le corps. La première phase de l’accompagnement vise à permettre au patient de reprendre contact avec son corps tel qu’il est en ayant mis en place un processus d’évolution et de changement pour mieux-vivre son quotidien. Plusieurs séances sont nécessaires pour y parvenir dont la première intention est d’apprendre à se détendre et à vivre sa détente au niveau émotionnel, mental et corporel. La capacité d’acceptation de la détente étant très différente d’une personne à une autre, le/la sophrologue adapte donc son accompagnement en conséquence.

Cette étape fondamentale acquise, le/la sophrologue poursuit l’accompagnement progressif en basant les séances sur le mouvement des différentes parties du corps, avec une intention spécifique, propice à la prise de conscience du schéma corporel et de ses capacités. Ces mouvements – proposés dans le respect le plus strict des possibilités physiques du patient - sont essentiellement axés sur l’alternance de contraction et de relâchement des muscles, associés à une respiration spécifique. Ainsi, la sophrologie propose une méthode adaptée pour permettre aux patients souffrant de pathologies cardiovasculaires de changer la perception de leur capacité corporelle. En réduisant les émotions négatives par une perception plus objective de la situation vécue, le corps est non seulement moins impacté mais il est surtout redynamisé. En effet, les séances auront permis aux patients de prendre conscience de leur possibilité de bouger, d’agir, en prenant en compte et en acceptant leur nouvelle réalité. Ce lâcher-prise favorise la récupération et ouvre la perspective. Elle leur permet de mobiliser de nouvelles ressources, une nouvelle confiance en leur corps tel qu’il est pour vivre aussi « pleinement » que possible, en acceptant la part d’eux-mêmes fragilisée. Ils sont alors capables d’instaurer progressivement un cercle vertueux dans la relation perception, émotion et corps, préparant ainsi un terrain propice à l’émergence d’une stabilité corporelle et émotionnelle. Et accepter de faire un pas vers son corps fragilisé pour le renforcer, c’est avant tout accepter de faire un pas vers soi, pour prendre soin de soi. Dans ce travail de découverte ou de reconquête du corps, le rôle de la respiration est fondamental. 


Laurence PENLOUP – Sophrologue pour P&R


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